La lettre de Musique Nouvelle en Liberté, octobre 2010
Vincent Paulet, l’orchestre volcanique
Né en 1962, Vincent Paulet appartient à une génération de compositeurs pour qui la rupture avec la tradition musicale n’est plus ressentie comme une nécessité. Son langage musical s’enracine en effet dans l’histoire de la musique française et s’attache à des valeurs telles que l’expression mélodique, la pensée harmonique ou le rapport tension-détente. Le discours musical de Vincent Paulet cherche ainsi à traduire des émotions et surtout, se veut accessible à l’auditeur non spécialiste. Mais il ne tombe pour autant pas dans le caractère racoleur qui menace certaines musiques bâties sur ces principes. La musique de Vincent Paulet non seulement charmera l’auditeur, mais a de surcroît toutes les ambitions : raffinée, librement atonale, elle résulte des aspirations spirituelles du compositeur qui cherche à transformer le quotidien en œuvre d’art.
S’il a jusqu’ici plutôt été remarqué pour ses œuvres chorales (notamment grâce à son enregistrement monographique De Profundis paru en 2004 chez Hortus), Vincent Paulet se consacre depuis quelques années à l’orchestre. Sa nouvelle pièce, Volcaniques, est en gestation depuis 2002. Fruit d’un long travail, elle a été le fruit de nombreuses remises en cause dans la pensée musicale du compositeur et constitue une étape essentielle (un aboutissement ?) dans l’évolution de son langage depuis quelques années.
Pourquoi ce titre de Volcaniques ? Le compositeur explique que le titre s’est imposé à lui après l’écriture de l’œuvre comme pour rendre compte après coup de son essence. Et cela se passe toujours ainsi pour lui. Cette pièce pour grand orchestre, avec les vents par trois, avec percussions et piano, est « volcanique », spectaculaire, virtuose et agitée.
Vincent Paulet trouve l’insertion de Volcaniques dans un programme de musique française listant Ravel et Dukas à la fois intimidante et réjouissante. Intimidante, car il est toujours dangereux, voire catastrophique, pour un compositeur contemporain de faire voisiner sa nouvelle pièce avec les chefs-d’œuvre du passé. Mais réjouissante, car Vincent Paulet s’inscrit volontiers dans cette tradition française dont sont issus Dukas et Ravel, et que le Concerto en sol est l’une des œuvres qui l’ont beaucoup marqué lors de sa formation.
Yannick Alirol